À lire dans Respublica « Faut-il en finir avec la famille ? La réponse de Raymond Debord »

Cet ouvrage très récemment paru aux Éditions Critiques (2022, 328 pages) est important, car il est le premier à embrasser le sujet de la famille dans la société contemporaine sous un angle politique et global depuis les livres de tendances foucaldienne ou bourdieusienne d’il y a quelques décennies. Il échappe à la sociologie descriptive et aux effets de mode par un point de vue théorique solide (celui des Appareils idéologiques d’État d’Althusser), combiné à une expérience professionnelle « du dedans » de l’institution familiale et à une solide documentation.
Au sein des politiques sociales, le champ de la famille ne jouit que de peu d’attention de la part des politiques et de peu de connaissance du public. Il s’y ajoute une représentation institutionnelle fort peu démocratique : celle de l’UNAF que l’auteur connaît intimement.

Si l’on dépasse la tentation d’assimiler famille et familialisme, la lecture de cet ouvrage très détaillé, mais jamais jargonnant ni technocratique s’impose pour comprendre les particularités d’un système français issu de l’histoire (objet de la première moitié du livre), mais profondément remanié par l’avènement du néolibéralisme. La seconde partie s’attache aux enjeux de la période macronienne pour montrer la possibilité de résistance qu’offre la famille face à la montée d’un individualisme destructeur des solidarités. Lire la suite…

À lire dans le Monde Diplomatique « Le Journalisme intégral »

Antonio Gramsci, théoricien et organisateur politique, membre fondateur du Parti communiste italien, fut aussi journaliste, directeur de journal et penseur actif du journalisme. Les principaux textes qu’il consacra à cette question, de 1916 à 1935, se trouvent réunis dans ce petit volume facile d’accès, précédé d’une éclairante mise en perspective. Gramsci ne se contente pas de réfléchir au rôle effectif des grands journaux « bourgeois » de l’Italie d’alors, qui, en forgeant une conscience de groupe, firent selon lui fonction de « partis » dans un champ politique encore informe. Il s’interroge aussi sur ce que peut et doit être un journal proprement socialiste ; il choisit d’arrimer sa revue, L’Ordine nuovo, aux luttes réelles du mouvement ouvrier ; surtout, refusant le « journal marchandise » autant que la « propagande élémentaire », il affirme la nécessité d’offrir à son lectorat (populaire et militant) un contenu exigeant et, quand besoin est, des « articles longs », des « études difficiles » — en d’autres termes, il s’agit de former un public plutôt que de se soumettre a priori à ses attentes supposées. Un mot d’ordre qui mérite d’être ressuscité.

Antony Burlaud